L’encyclopédie électorale du Canada

Elles essaient toujours de prendre leur place

par Maurice Y. Michaud (il/lui)

Présentation d’une pétition par la Ligue pour l’égalité politique pour le droit de vote des femmes, Winnipeg, 1915.
© Photo GetArchive.net — Domaine public

Dans un article d’août 2024 de Psychology Today, Stanley Cohen a réitéré une constatation bien connue selon laquelle nous avons tendance à considérer un chien inconnu comme mâle. De même, il existe un stéréotype selon lequel on parle d’ingénieurs et de mathématiciens, mais d’infirmières et d’institutrices. Nous pouvons sans risque ajouter les personnes en politique à la liste masculine.

Les chiffres expliquent tout. Des 71 995 personnes distinctes enregistrées dans PoliCan :

  • 59 604 (82.79%) sont des hommes,
  • 12 372 (17.18%) sont des femmes et
  • 19 (0.03%) sont non binaires.

Le tableau est plus sombre lorsque l’on regarde le nombre de personnes élues.

  • 13 555 (90.26%) sont des hommes,
  • 1 457 (9.70%) sont des femmes et
  • 6 (0.04%) sont non binaires.

En regardant cette deuxième série de chiffres, on pourrait être tenté de penser que, lorsqu’un parti estime avoir peu de chances de gagner un comté, il laisse une femme se présenter.

Le droit des femmes de voter et d’être candidate
Droit

CA
Fédéral
Provinces + Territoires
Vote 1918
Candidate 1919

BC

AB

SK

MB

ON
Vote 1917 1916 1916 1916 1917
Candidate 1917 1916 1916 1916 1919

QC

NB

NS

PE

NL
Vote 1940 1919 1918 1922 1925
Candidate 1940 1934 1918 1922 1925

YT

NT

NU
Exclusions (hommes ou femmes)
↳ Asiatiques jusqu’en 1948
↳ Inuit jusqu’en 1951
↳ Premières Nations jusqu’en 1960
Vote 1919 1951 1999
Candidate 1919 1951 1999

Lorsque les Canadiennes de 21 ans et plus se sont réveillées le jour de l’An 1920, la plupart avaient le droit de voter et de se présenter comme candidates. Celles de l’Île-du-Prince-Édouard ont dû at­tendre deux ans de plus, mais les Québécoises 20 ans. De leur côté, les Néo-Bruns­wick­oises ont connu un écart de 15 ans entre l’obtention du droit de vote et celui de se présenter. À Terre-Neuve, qui ne faisait pas encore partie du Canada, les femmes de 25 ans et plus ont obtenu le droit de vote en 1925.

Les territoires n’avaient pas de gouvernement responsable en 1919. En fait, le fédéral dirigeait les territoires depuis Ottawa. Ainsi, lorsqu’on dit que les femmes du Yukon ont obtenu le droit de vote en 1919, c’était uniquement au fédéral jusqu’à ce qu’un gouvernement semi-responsable soit établi en 1970. De même, lorsqu’on dit que les femmes du Nunavut ont obtenu le droit de vote en 1999, cela fait référence à l’année de la création du territoire à partir de la partie est des Territoires du Nord-Ouest, où les femmes avaient obtenu le droit de vote dès l’instauration d’un gouvernement responsable en 1951.

Il convient de noter que, quel que soit leur sexe, la plupart des personnes des Premières Nations n’ont pas eu le droit de vote avant 1960, ni les « Orientaux » — soit les personnes d’origine chinoise ou japonaise — jusqu’en 1948. Les Inuits ont obtenu le droit de vote avec l’établissement du gouvernement responsable ter­ri­tor­ial en 1951, mais la partie est du territoire n’a été re­pré­sen­tée au Parlement qu’à partir des générales de 1962.

Cela étant dit, il est néanmoins remarquable qu’après un siècle, si peu de femmes aient réussi à se faire élire. Cependant, les moteurs de recherche dans cette sous-section vous permettent de découvrir que les femmes n’ont commencé à se présenter en nombre appréciable qu’au milieu des années 1970.

Dans cette sous-section consacrée aux femmes dans les élections tenues au Canada, vous trouverez :

Le portrait qui émerge est le suivant : même si plus de canadiennes sont élues aujourd’hui, il nous reste encore beaucoup de chemin à faire avant de cesser d’associer mentalement la politique aux hommes.

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Un passage à la proportionnelle aiderait-il les femmes ?

Cela ne leur ferait pas de mal, mais cela ne les aiderait pas nécessairement non plus.

Bien que certains partis politiques aujourd’hui insistent à nommer autant d’hommes que de femmes, les chiffres que l’on peut glaner de cette section de PoliCan suggèrent que la politique au Canada et au Québec demeure largement un « boys’ club ». Lorsque les partis présentent leurs « vedettes », ce sont souvent des hommes — comme l’actuel premier ministre, sans vouloir manquer de respect pour M. Carney.

Déjà on soupçonne que les femmes, consciemment ou non, sont souvent sacrifiées. Si nous passions à un scrutin proportionnel mixte avec listes fermées, qui peut garantir que ce biais ne persisterait pas ? Cela dépendra en grande partie de l’importance que chaque parti accorde à la représentation équitable des genres, et de trouver des moyens d’utiliser le nouveau système pour atteindre cet objectif.



© 2005, 2025 :: PoliCan.ca (Maurice Y. Michaud)
Pub.:  8 aoû 2025 20:23
Rev.:  5 oct 2025 00:25 (mais données présentées dynamiquement)