L'histoire électorale du Canada de 1867 à aujourd'hui

Plus de 155 ans d'élections au Canada

par Maurice Y. Michaud (il/lui)

Un échantillon d'un bulletin de vote au CanadaCela ne cesse de m'étonner quand les gens se plaignent d'avoir « encore une autre élection ». Je n'ai qu'à penser à la tentative ratée des 20 premières années du XXIe siècle à instaurer une certaine forme de démocratie en Afghanistan, ou à la lutte sanglante des Ukrainiens pour préserver leur démocratie, aussi imparfaite qu'elle l'était ou l'est, pour me rendre compte à quel point la démocratie canadienne est précieuse, malgré le système électoral défectueux.

Bien que les Canadien·ne·s soient souvent accusé·e·s d'être hautain·e·s lorsque lels se comparent à leurs voisins du sud, il est indiscutable pour moi que la rose qui se présente comme « le phare de la démocratie » est fanée. Bien que nous aussi assistions à une polarisation plus nette au sein de l'électorat, au moins nous n'avons pas à faire face à des failles systémiques qui nous rendraient vulnérables à des manigances comme le gerrymandering, comme c'est le cas aux États-Unis. Ainsi, à chaque fois que nous sommes appelé·e·s aux urnes, nous devrions célébrer et remercier le fait que nous avons quelque chose que beaucoup de gens dans le monde tueraient pour avoir !

Bon ! J'ai fini d'éditorialiser, donc laissez-moi vous dire combien d'évènements électoraux sont enregistrés dans PoliCan et à propos desquels vous pouvez trouver tous les détails dans cette section du site.

Ce tableau indique, par juridiction, l'année de l'évènement enregistré le plus ancien et le plus récent ainsi que le numéro de l'assemblée la plus ancienne et actuelle (ou de la dernière dans le cas du Territoire du Nord-Ouest).

  • Rappelez-vous que pour toutes les élections générales (Elec), il y a une course individuelle dans chaque comté et que plusieurs courses pourraient avoir eu lieu en élection partielle.
     
  • De plus, ce tableau fait la distinction entre le nombre absolu de courses (N) et le nombre de courses réelles (n) en soustrayant du premier le nombre de courses gagnées sans opposition (Accl.).
     
  • Il y a présentement 254 courses en partielle faussement étiquetées comme gagnées sans opposition (Acc?) parce que les données manquent, la grande majorité étant en Ontario et à l'Île-du-Prince-Édouard. Ces étiquettes « Acc? » représentent 68.15% des courses en partielle gagnées sans opposition en Ontario et 53.75% de celles-ci sur l'Île, mais 49.38% et 28.29% de toutes les courses en partielle dans ces juridictions. La base de données PoliCan serait complète si ce n'était de ces « Acc? » ; pour l'instant, elle est complète à 99.37%.
     
  • Les référendums ne sont jamais sans opposition car ils sont par définition des questions (Q) offrant le choix entre au moins deux options.
     
  • Les élections partielles ministérielles (Minis.) sont un sous-groupe (16.23% des partielles). Dans le système parlementaire Westminster tel qu'il était pratiqué dans la plupart des juridictions au Canada jusqu'aux années 1930, une personne qui était nommée au cabinet pour la première fois devait démissionner de son siège et se présenter à une telle élection peu de temps après. Bon nombre de ces élections ont été remportées sans opposition, et il était très rare qu'un nouveau ministre ne regagne pas son siège même s'il était opposé.

Taille de la base de données en termes d'évènements électoraux et de courses
Juridiction Élections Référendums
Juri. Année Assem. Générales Partielles
Elec Courses Elec Courses
Min Max Min Max N Accl. n Acc? N Accl. n Acc? Minis. Q Courses
1 CA 1867 2024 1 44 44 11,384 263 11,121 0 644 1,010 366 644 0 145 3 31
9 AB 1905 2023 1 31 31 2,153 29 2,124 0 88 111 19 92 0 17 5 769
8 BC 1871 2023 1 42 42 2,173 24 2,149 0 164 211 59 152 0 67 15 806
11 MB 1870 2023 1 43 43 2,119 114 2,005 0 140 181 52 129 5 40 4 245
3 NB 1866 2023 21 60 40 1,984 48 1,936 0 187 248 86 162 0 53 1 12
7 NL 1949 2024 29 50 22 967 18 949 0 59 70 4 66 5 0 2 100
2 NS 1867 2023 24 64 41 1,766 25 1,741 0 117 175 56 119 0 24 0 0
14 NT 1951 2023 1 20 20 302 40 262 1 15 17 4 13 2 0 3 47
13 NU 1999 2021 1 6 6 123 11 112 0 11 14 2 12 0 0 0 0
15 NW 1888 1903 1 5 5 143 36 107 0 13 21 9 12 0 7 0 0
6 ON 1867 2024 1 43 43 4,505 93 4,412 0 294 403 93 310 199 57 1 107
4 PE 1873 2024 26 67 42 1,254 37 1,217 0 99 152 37 115 43 34 3 70
5 QC 1867 2023 1 43 43 4,089 294 3,795 0 275 428 90 338 0 53 5 377
10 SK 1905 2023 1 29 29 1,652 23 1,629 0 104 131 31 100 0 20 0 0
12 YT 1970 2021 22 35 14 227 0 227 0 11 13 0 13 0 0 0 0
ΣElec+Q = 2,728  ΣN = 40,590 465 34,841 1,055 33,786 1 2,221 3,185 908 2,277 254 517 42 2,564
Les numéros de juridiction sont arbitraires et n'ont d'importance que pour la maintenance des données.
Les évènements futurs sont exclus de ces décomptes.

Le simulateur de PMC peut être exécuté sur 408 des 465 élections générales.

« Acc? » représente des données manquantes (des courses marquées comme ayant été gagnées sans opposition alors que les résultats sont en fait inconnus), alors que « Minis. » montre le nombre de partielles ministérielles.

Une petite poignée d'élections partielles qui n'ont pas réellement eu lieu a été ajoutée à cette base de données pour enregistrer le moment où l'élection d'une personne a été annulée et le siège a été remis à l'opposant qui avait perdu.

Puisqu'il s'agissait d'une question à deux volets, le référendum de 2018 en Colombie-Britannique sur la réforme électorale a dû être enregistré comme deux évènements distincts mais il est compté comme un seul évènement. De plus, pour le moment, seuls les résultats agrégés par provinces et territoires sont disponibles pour le référendum canadien et québécois de 1992 sur l'Accord de Charlottetown, bien que des efforts soient en cours pour obtenir les résultats par circonscription.

Jusqu'au milieu du XXe siècle, la destitution d'un membre était monnaie courante et le mé­ca­nisme de contestation d'une élection semble avoir été très laxiste comparé à aujourd'hui, car de nom­breuses partielles avaient lieu simplement parce que l'opposant — souvent le gouvernement ou le candidat sortant défait — n'aimait pas le résultat. De plus, les ministres nouvellement nommés devaient démissioner et se présenter dans une partielle ministérielle. Par conséquent, les élections partielles étaient beaucoup plus fréquentes autrefois.

En bref, la base de données de PoliCan contient environ 2 700 « élections » depuis 1866, avec plus de 40 000 « courses » individuelles. Bien que la Confédération n'ait commencé qu'en 1867, les élections générales de 1866 au Nouveau-Brunswick sont considérées aujourd'hui comme ses premières de l'ère de la Confédération, tandis que les trois autres nouvelles provinces ont chacune tenu des élections générales en 1867. De même, les élections générales de 1873 à l'Île-du-Prince-Édouard ont eu lieu quelques mois avant son adhésion officielle à la Confédération.

Les résultats détaillés de certaines élections partielles restent encore à être trouvés et enregistrés.

  • J'ai peu d'espoir de trouver un jour les données manquantes pour 43 élections partielles à l'Île-du-Prince-Édouard. C'est que, dans la plus petite juridiction provinciale, Élections Île-du-Prince-Édouard a les pratiques de tenue de dossiers les plus incomplètes et chaotiques. Ils produisent de beaux rapports statistiques qui échouent systématiquement à donner (ou rendent difficiles à trouver) les points de données qui comptent vraiment, comme le nombre d'électeurs éligibles et le nombre de votes rejetés, à moins qu'ils cachent ça dans un coffre secret (ce que je doute)... De plus, pendant plus de 200 ans, les circonscriptions n'étaient que des tranches numérotées des trois comtés, chaque comté ayant cinq circonscriptions à deux membres (par exemple Kings / Prince / Queens 1ère, 2e, 3e...), avec Queens obtenant une sixième circonscription à deux membres pour Charlottetown à partir de 1966.
    PEI electoral map
    Malgré le passage à 27 circonscriptions uninominales nommées en 1996, Élections Île-du-Prince-Édouard semble continuer à penser en termes de cir­con­scrip­tions numérotées, écrivant, par exemple : « Voici les résultats de l'élection partielle dans le district 16 » au lieu de « Voici les résultats de l'élection partielle dans Cornwall—Meadowbank ». Et pour les élections générales de 1966 à 1993, la somme des énuméré·e·s dans chaque comté est supérieure à la population de la province à l'époque ! Alors, disons simplement que j'ai eu du mal et j'ai encore du mal à trouver, interpréter et saisir les résultats électoraux d'une province qui a une population plus petite que la Ville de Sherbrooke ou 29 autres villes canadiennes !
     
  • D'autre part, la plus grande juridiction provinciale, l'Ontario, possède l'un des ensembles de données en ligne les plus complets fournis par Élec­tions Ontario, mais les détails des partielles avant 1987 ne sont disponibles qu'en copie papier à leur bureau et dans certaines bibliothèques publiques. Avec l'espoir naïf que si je donnais un peu, j'en recevrais peut-être un peu, j'ai respectueusement soumis à Élections Ontario en mars 2021 une liste de 180 erreurs que j'avais trouvées dans leur application « Explorateur de données », espérant qu'en échange, ils son­ge­raient à y ajouter les 199 partielles pour lesquelles les résultats manquent. Ils ont refusé et, en plus, à la fin-décembre 2022, 166 des 180 erreurs demeuraient. Je crains ne pas avoir réussi à leur démontrer que mon effort est sérieux et méticuleux et que j'ai vraiment parcouru toutes leurs données, alors je devrai peut-être leur rendre visite à Toronto ou aller dans une bibliothèque d'archives en Ontario pour obtenir ce qui manque.
Néanmoins, nulle part ailleurs qu'à PoliCan vous ne trouverez 99.37% des résultats de scrutins tenus au Canada depuis la Confédération en 1867, dans un format standardisé, consultable et avec autant de liens vers plus de détails sur les personnes qui se sont présentées en élection.



© 2019, 2024 :: PoliCan.ca (Maurice Y. Michaud)
Pub.: 23 déc 2021 10:07
Rev.: 29 avr 2023 11:02 (mais données présentées dynamiquement)