par Maurice Y. Michaud (il/lui)
La plupart des Canadien·e·s vivant·e·s aujourd'hui ont toujours voté au niveau fédéral, provincial ou territorial selon le scrutin majoritaire uninominal á un tour (SMU). Pour être élue durant des élections générales, une personne doit remporter une majorité relative des voix dans sa course, et dans une course compétitive à plusieurs, cette « majorité relative » risque fort être inférieure à la moitié du suffrage exprimé.
Ensuite, le parti politique ayant élu le plus de candidat·e·s est appelé à former le gouvernement dans l'assemblée législative pour laquelle les élections ont eu lieu. Si ce parti a obtenu une majorité absolue de candidat·e·s gagnant·e·s (50%+1), il formera un gouvernement « majoritaire ». Cependant, si le nombre de gagnant·e·s de tous les autres partis réunis représente la majorité absolue, le parti ayant la majorité relative de gagnant·e·s formera plutôt un gouvernement « minoritaire ». Quoi qu'il en soit, ce parti prendra le pouvoir — une des raisons qui amène certains à qualifier le SMU de système dans lequel « le gagnant remporte tout ».
De même, il s'agissait d'une notion vague et fluide au XIXe siècle dans ces juridictions où les partis n'existaient pas formellement. Au lieu, les candidats se déclaraient comme soutenant soit le « gouvernement », soit « l'opposition », tandis que d'autres se présentaient simplement comme « indépendants ». En d'autres termes, ils s'alignaient sur la personne qui était ou n'était pas le chef du gouvernement (premier ministre) au moment des élections. Ainsi, si des élections générales donnaient une pluralité de candidats gagnants de « l'opposition », ils devenaient le gouvernement après les élections, mais cette allégeance à un chef pouvait changer au cours d'une législature, laissant parfois une poignée d'hommes à la tête du gouvernement. Ce système ostensiblement consensuel mais déroutant a existé en Colombie-Britannique jusqu'en 1903 et au Manitoba jusqu'en 1879. Et bien que les partis n'aient été officiellement reconnus à l'Assemblée du Nouveau-Brunswick qu'en 1935, des alignements de partis comme au fédéral ont été utilisés de facto dans cette province dès 1878.
Les systémes électoraux suivants ont été ou sont utilisés au Canada aux niveaux fédéral ou provincial/territorial lors d'élections générales ou partielles. On constate que le Québec et les territoires pour lesquels une assemblée législative a été formée au XXe siècle sont les seuls endroits à avoir utilisé le système SMU dans toutes leurs élections, les autres ayant utilisé d'autres systèmes lors de certaines élections, soit exclusivement, soit en combinaison.
Seuls le Manitoba et l'Alberta ont utilisé un système proportionnel dans certains comtés, les autres comtés utilisant un système majoritaire comme le SMU. Dans l'ensemble, les gouvernements formés par ces hybrides électoraux étaient tout aussi déséquilibrés en faveur du parti vainqueur et le comptage des votes (à une époque où les ordinateurs n'existaient pas) était fastidieux. Il fallait parfois attendre des jours pour la déclaration de certain·e·s gagnant·e·s.
Systèmes électoraux utilisés au Canada, 1866–2024 | |||||||
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Juridiction | Années | SMU | SMP | VA | VUT | ||
1 | CA | 1867–1968 1968–2024 |
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9 | AB | 1905–1909 1909–1926 1926–1956 1956–2024 |
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8 | BC | 1871–1952 1952–1956 1956–1991 1991–2024 |
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11 | MB | 1870–1920 1920–1927 1927–1958 1958–2024 |
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3 | NB | 1866–1874 1874–1895 1895–1912 1912–1948 1948–1967 1967–1974 1974–2024 |
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7 | NL | 1949–1975 1975–2024 |
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2 | NS | 1867–1933 1933–1981 1981–2024 |
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14 | NT | 1951–2024 |
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13 | NU | 1999–2024 |
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6 | ON | 1867–1886 1886–1914 1914–2024 |
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4 | PE* | 1873–1893 1893–1996 1996–2024 |
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5 | QC | 1867–2024 |
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10 | SK | 1905–1917 1917–1967 1967–2024 |
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12 | YT | 1970–2024 |
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15 | NW | 1888–1892 1892–1905 |
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* De 1893 à 1996, deux membres par comté étaient élus (« Assemblyman » et « Councillor ») |
Les référendums au Canada ont utilisé d'autres systèmes majoritaires, y compris un exigeant une super majorité globale ou une double majorité.
Diverses variations du systéme proportionnel suivant sont utilisées dans de nombreux pays et a été proposé dans plusieurs juridictions canadiennes sans jamais ètre adopté :
La tabulation des résultats d'élections menées avec un système proportionnel peut être un peu plus compliquée que celle d'élections SMU ou SMP — certainement pour des élections utilisant la méthode VUT — mais considérant que de telles élections ont été menées avec succès bien avant l'accès facile aux ordinateurs, l'argument selon lequel un système proportionnel est intrinsèquement « juste trop compliquè » ne tient pas la route étant donné qu'un système majoritaire comme le vote alternatif a déjà été utilisé alors qu'il est vraiment compliqué.
Maintenant la question s'impose : Pourrions-nous changer notre système électoral... encore ?