L’encyclopédie électorale du Canada

Près de 160 ans d’élections au Canada

par Maurice Y. Michaud (il/lui)

Un échantillon d’un bulletin de vote au CanadaCela ne cesse de m’étonner quand les gens se plaignent d’avoir « encore une autre élection ». Je n’ai qu’à penser à la tentative ratée des 20 premières années du XXIe siècle à instaurer une certaine forme de démocratie en Afghanistan, ou à la lutte sanglante des Ukrainiens pour préserver leur démocratie, aussi imparfaite qu’elle l’était ou l’est, pour me rendre compte à quel point la démocratie canadienne est précieuse, malgré le système électoral défectueux.

Bien que les Canadien·ne·s soient souvent accusé·e·s d’être hautain·e·s lorsque lels se comparent à leurs voisins du sud, il est indiscutable pour moi que la rose qui se présente comme « le phare de la démocratie » est fanée. Bien que nous aussi assistions à une polarisation plus nette au sein de l’électorat, au moins nous n’avons pas à faire face à des failles systémiques qui nous rendraient vulnérables à des manigances comme le gerrymandering, comme c’est le cas aux États-Unis. Ainsi, à chaque fois que nous sommes appelé·e·s aux urnes, nous devrions célébrer et remercier le fait que nous avons quelque chose que beaucoup de gens dans le monde tueraient pour avoir !

Bon ! J’ai fini d’éditorialiser, donc laissez-moi vous dire combien d’évènements électoraux sont enregistrés dans PoliCan et à propos desquels vous pouvez trouver tous les détails dans cette section du site.

Ce tableau indique, par juridiction, l’année de l’évènement enregistré le plus ancien et le plus récent ainsi que le numéro de l’assemblée la plus ancienne et actuelle (ou de la dernière dans le cas du Territoire du Nord-Ouest).

  • Rappelez-vous que pour toutes les élections générales (Elec), il y a une course individuelle dans chaque comté et que plusieurs courses pourraient avoir eu lieu en élection partielle.
     
  • De plus, ce tableau fait la distinction entre le nombre absolu de courses (N) et le nombre de courses réelles (n) en soustrayant du premier le nombre de courses gagnées sans opposition (Accl.).
     
  • Il y a présentement 260 courses en partielle faussement étiquetées comme gagnées sans opposition (Acc?) parce que les données manquent, la grande majorité étant en Ontario et à l’Île-du-Prince-Édouard. Ces étiquettes « Acc? » représentent 67.48% des courses en partielle gagnées sans opposition en Ontario et 53.75% de celles-ci sur l’Île, mais 47.54% et 27.92% de toutes les courses en partielle dans ces juridictions. La base de données PoliCan serait complète si ce n’était de ces « Acc? » ; pour l’instant, elle est complète à 99.38%.
     
  • Les référendums ne sont jamais sans opposition car ils sont par définition des questions (Q) offrant le choix entre au moins deux options.
     
  • Les élections partielles ministérielles (Minis.) sont un sous-groupe (16.54% des partielles). Dans le système parlementaire Westminster tel qu’il était pratiqué dans la plupart des juridictions au Canada jusqu’aux années 1930, une personne qui était nommée au cabinet pour la première fois devait démissionner de son siège et se présenter à une telle élection peu de temps après. Bon nombre de ces élections ont été remportées sans opposition, et il était très rare qu’un nouveau ministre ne regagne pas son siège même s’il était opposé.

Taille de la base de données en termes d’évènements électoraux et de courses
Juridiction Élections Référendums
Juri. Année Assem. Générales Partielles
Elec Courses Elec Courses
Min Max Min Max N Accl. n Acc? N Accl. n Acc? Minis. Q Courses
1 CA 1867 2025 1 45 45 11,727 263 11,464 0 648 1,015 366 649 0 145 3 31
8 BC 1871 2024 1 43 43 2,266 24 2,242 0 164 211 59 152 0 67 15 806
9 AB 1905 2025 1 31 31 2,153 29 2,124 0 90 115 19 96 0 17 5 769
10 SK 1905 2024 1 30 30 1,713 24 1,689 0 104 131 31 100 0 20 0 0
11 MB 1870 2025 1 43 43 2,119 114 2,005 0 143 184 52 132 5 40 4 245
6 ON 1867 2025 1 44 44 4,629 93 4,536 0 296 406 93 313 193 57 1 107
5 QC 1867 2025 1 43 43 4,089 294 3,795 0 277 430 90 340 0 53 5 377
3 NB 1866 2025 21 61 41 2,033 48 1,985 0 187 248 86 162 0 53 1 12
2 NS 1867 2024 24 65 42 1,821 25 1,796 0 118 176 56 120 0 24 0 0
4 PE 1873 2025 26 67 42 1,254 41 1,213 0 100 154 37 117 43 34 3 70
7 NL 1865 2025 9 50 42 1,651 81 1,570 0 107 142 9 133 17 25 4 150
12 YT 1970 2025 22 35 14 227 0 227 0 11 13 0 13 0 0 0 0
14 NT 1951 2023 1 20 20 334 72 262 1 15 17 4 13 2 0 3 47
13 NU 1999 2025 1 6 6 123 11 112 0 11 14 2 12 0 0 0 0
15 NW 1888 1903 1 5 5 143 36 107 0 13 21 9 12 0 7 0 0
ΣElec+Q = 2,819  ΣN = 42,173 491 36,282 1,155 35,127 1 2,284 3,277 913 2,364 260 542 44 2,614
Les numéros de juridiction sont arbitraires et n’ont d’importance que pour la maintenance des données.
Les évènements futurs sont exclus de ces décomptes.

Le simulateur SPM peut être exécuté sur 434 des 491 élections générales.

« Acc? » représente des données manquantes (des courses marquées comme ayant été gagnées sans opposition alors que les résultats sont en fait inconnus), alors que « Minis. » montre le nombre de partielles ministérielles.

Une petite poignée d'élections partielles qui n’ont pas réellement eu lieu a été ajoutée à cette base de données pour enregistrer le moment où l’élection d’une personne a été annulée et le siège a été remis à l’opposant qui avait perdu.

Puisqu’il s’agissait d’une question à deux volets, le référendum de 2018 en Colombie-Britannique sur la réforme électorale a dû être enregistré comme deux évènements distincts mais il est compté comme un seul évènement. De plus, pour le moment, seuls les résultats agrégés par provinces et territoires sont disponibles pour le référendum canadien et québécois de 1992 sur l’Accord de Charlottetown, bien que des efforts soient en cours pour obtenir les résultats par circonscription.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la destitution d’un membre était monnaie courante et le mé­ca­nisme de contestation d’une élection semble avoir été très laxiste comparé à aujourd’hui, car de nom­breuses partielles avaient lieu simplement parce que l’opposant — souvent le gouvernement ou le candidat sortant défait — n’aimait pas le résultat. De plus, les ministres nouvellement nommés devaient démissioner et se présenter dans une partielle ministérielle. Par conséquent, les élections partielles étaient beaucoup plus fréquentes autrefois.

En bref, la base de données de PoliCan contient plus de 2 700 « élections » depuis 1866, avec près de 41 000 « courses » individuelles. Bien que la Confédération n’ait commencé qu’en 1867, les élections générales de 1866 au Nouveau-Brunswick sont considérées aujourd’hui comme ses premières de l’ère de la Confédération, tandis que les trois autres nouvelles provinces ont chacune tenu des élections générales en 1867. De même, les élections générales de 1873 à l’Île-du-Prince-Édouard ont eu lieu quelques mois avant son adhésion officielle à la Confédération.

Les résultats détaillés de certaines élections partielles restent encore à être trouvés et enregistrés.

  • Il y a peu d’espoir de trouver un jour les données manquantes pour 43 élections partielles à l’Île-du-Prince-Édouard. Dans la plus petite juridiction provinciale, Élections Île-du-Prince-Édouard a les pratiques de tenue de dossiers les plus incomplètes et chaotiques. Ils produisent de beaux rapports statistiques qui échouent à donner (ou rendent difficiles à trouver) les points de données cruciaux, comme les nombres d’élec­teurs éligibles et de votes rejetés, à moins qu’ils cachent ça dans un coffre secret (ce que je doute)... Pendant plus de 200 ans, les cir­con­scrip­tions n’étaient que des tranches numérotées des trois comtés, chacun ayant cinq circonscriptions à deux membres (par exemple Kings / Prince / Queens 1ère, 2e, 3e...), avec Queens obtenant une sixième circonscription à deux membres pour Charlottetown à partir de 1966.
    PEI electoral map
    Malgré le passage à 27 circonscriptions uninominales nommées en 1996, l’Île-du-Prince-Édouard persiste à penser en termes de cir­con­scrip­tions numérotées, par exemple : « Voici les résultats de l’élection partielle dans le district 16 » au lieu de « Voici les résultats de l’élection partielle dans Cornwall—Meadowbank ». Et pour les élections générales de 1966 à 1993, la somme des énuméré·e·s dans chaque comté est supérieure à la population de la province à l’époque ! Alors, disons simplement que c’est un défi de trouver, d’interpréter et de saisir les ré­sul­tats électoraux d’une province qui a une population plus petite que la Ville de Sherbrooke ou 29 autres villes canadiennes !
     
  • D’autre part, la plus grande juridiction provinciale, l’Ontario, possède l’un des ensembles de données en ligne les plus complets fournis par Élec­tions Ontario, mais les détails des partielles avant 1987 ne sont disponibles qu’en copie papier à leur bureau et dans certaines bibliothèques publiques. Avec l’espoir naïf que donner un peu recevrait la pareille, PoliCan a respectueusement soumis à Élections Ontario en mars 2021 une liste de 180 erreurs trouvées dans leur application « Explorateur de données », espérant qu’en échange, ils son­ge­raient à y ajouter les 193 partielles pour lesquelles les résultats manquent. Ils ont refusé et, en plus, à la fin-décembre 2022, 166 des 180 erreurs demeuraient. PoliCan n’a donc pas réussi à leur démontrer que son effort est sérieux et méticuleux et que quelqu’un a vraiment parcouru toutes leurs données, alors une visite chez Élections Ontario à Toronto ou à une bibliothèque d’archives en Ontario sera peut-être requise.
Néanmoins, nulle part ailleurs qu’à PoliCan vous ne trouverez 99.38% des résultats de scrutins tenus au Canada depuis la Confédération en 1867, dans un format standardisé, consultable et avec autant de liens vers plus de détails sur les personnes qui se sont présentées en élection.



© 2005, 2025 :: PoliCan.ca (Maurice Y. Michaud)
Pub.: 23 déc 2021 10:07
Rev.: 14 sep 2025 17:03 (mais données présentées dynamiquement)