L'histoire électorale du Canada de 1867 à aujourd'hui

Pourrions-nous tous nous entendre, s'il-vous-plaît ?

par Maurice Y. Michaud (il/lui)

La relation entre le gouvernement fédéral et les provinces n'a jamais été facile. Au début de la Confédération, la Nouvelle-Écosse s'est jointe à la nouvelle union de reculons. La tension entre les fondateurs anglais et français persiste encore, le Québec commençant à remettre en question son adhésion dès les années 1880, suite à la pendaison de Louis Riel. La Colombie-Britannique, même si elle s'est jointe relativement tôt, s'est longtemps considérée à part des « Canadiens ». Les provinces des Prairies ont vu naître presque tous les nouveaux mouvements politiques de ce pays, autant de gauche que de droite. Et pendant près de 18 des 23 années où Oliver Mowat, photographié ici, a dirigé un gouvernement libéral en Ontario, les conser­va­teurs formaient le gouvernement à Ottawa, les Ontariens votant Conservateur au fédéral. En fait, plus souvent que non, les gens de l'Ontario votent différemment au fédéral et au provincial.

Règle générale, lorsque un gouvernement provincial partage la couleur du fédéral, le courant passe mieux. Or, s'il y a divergence entre ces niveaux, il est ensuite intéressant de voir si, au moins, la majorité des député·e·s fédéraux d'une province s'alignent avec le gouvernement provincial. Mais, il faut quand même se méfier des généralisations.

  • Dans les provinces de l'Ouest, les libéraux provinciaux ont eu tendance à être à droite de leurs homologues fédéraux. Par exemple, en Colombie-Britannique, le Parti libéral, renommé British Columbia United en 2023, a très facilement comblé le vide laissé par la désintégration du Parti créditiste après 1996, le parti conservateur en nom dans cette province demeurant marginal depuis les années 1950.
     
  • Au milieu du XXe siècle, les soi-disant libéraux de la Saskatchewan et du Manitoba étaient considérablement à droite des soi-disant conservateurs au fédéral.
     
  • Toujours dans l'Ouest, où le spectre politique est plus à droite que dans le reste du Canada, les relations entre les libéraux fédéraux et les néo-démocrates provinciaux contemporains ne sont pas toujours acrimonieuses.
     
  • Depuis les années 1990, alors que les réformistes et alliancistes ont déplacé la base du pouvoir du Parti conservateur fédéral actuel vers l'ouest, les partis progressistes-conservateurs qui restent au Canada atlantique ressemblent davantage aux libéraux fédéraux qu'aux conservateurs fédéraux, laissant les libéraux de ces provinces en quête d'identité. Mais dans l'Ouest aujourd'hui, le Parti du Yukon, le Parti sas­kat­che­wanais et le Parti conservateur uni de l'Alberta sont les alliés indéniables des conservateurs fédéraux, avec le Parti progressiste-conservateur du Manitoba — le seul à garder le mot « progressiste » dans son nom même s'il ne l'est plus.
     
  • En Ontario, depuis le virage prononcé vers la droite des conservateurs initié par Mike Harris dans les années 1990, l'utilisation du mot « pro­gres­siste » dans le nom du parti n'est plus qu'une habitude. Ainsi, l'Ontario est peut-être la seule juridiction où les alignements entre les partis d'aujourd'hui sont évidents.
     
  • Et le Québec, c'est le Québec ! La relation n'est jamais facile. On n'a qu'à se rappeler de Robert Bourassa en 1990. Le tournant nationaliste de ce libéral convaincu suite à l'échec de l'Accord du Lac Meech n'avait rien à voir avec le fait que le gouvernement fédéral était conservateur. Avec un Parti libéral au Québec suffisamment à droite pour accommoder un conservateur comme Jean Charest, et la montée et la chûte depuis les années 1930 de partis prônant soit plus d'autonomie, soit la souveraineté absolue pour la province, il ne semble jamais y avoir de période pendant laquelle la relation fédérale-provinciale est facile.

La seule période prolongée où le gouvernement provincial dans toutes les provinces (sauf l'Alberta) était théoriquement le même que le fédéral était lorsque Mackenzie King était premier ministre du Canada. En effet, de la fin de 1939 au milieu de 1943, tous les gouvernements étaient « rouge » libéral, sauf celui de l'Alberta, qui portait le vert du Crédit social.


La première colonne du tableau déroulant ci-dessous montre qui a formé le gouvernement fédéral au fil des ans. Ensuite, pour chaque province et territoire, vous pouvez voir la majorité des députés fédéraux de cette province (dans la colonne F), et le gouvernement provincial formé (dans la colonne P) au cours de ces mêmes années. Dans les colonnes F, dans les cas où deux partis sont arrivés en tête en termes de sièges, la couleur du parti ayant obtenu le plus de voix est attribuée à la période.

Vous pouvez réduire le nombre de provinces et d'années à voir à la fois.

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Juridiction         
        
    


Chronologie et
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Pub.: 14 avr 2023 18:14
Rev.: 13 nov 2023 00:27