L’encyclopédie électorale du Canada

Parlementaires canadien·ne·s décédé·e·s pendant leur mandat

par Maurice Y. Michaud (il/lui)

Il y a quelque chose dans la photo de cet homme qui m’a intrigué dès que j’ai posé les yeux dessus.

Bien sûr, c’est un beau mec. Et il n’était clairement pas vieux quand cette photo a été prise. Mais c’est... c’est... c’est peut-être parce que je me suis surpris à le qualifier de « mec » parce que je peux facilement imaginer tomber sur un hipster qui lui ressemblerait comme deux gouttes d’eau dans un Starbucks en 2025.

Mais pour sûr, ce ne serait pas lui. Il est décédé le 19 avril 1902 alors qu’il était l’un des deux députés de Shelburne County et (très brièvement) Président de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Il s’appelait Thomas Robertson et n’avait que 49 ans à son décès. Cette photo a probablement été prise une décennie ou plus auparavant, alors qu’il était député fédéral de Shelburne.

Et devinez quoi ? Son co-député de Shelburne County, Thomas Johnson — ou Johnston, selon à qui vous deman­dez — est aussi décédé en fonction environ 15 mois plus tard, le 30 juillet 1903. Sauf que Johnson avait 81 ans. Je n’ai jamais vu de photo de ce monsieur, mais je peux imaginer le contraste entre les deux hommes même s’ils étaient tous les deux libéraux. Et qu’ils ont tech­nique­ment travaillé jusqu’à leur dernier jour — « tech­nique­ment » puisque Robertson est mort alors qu’il séjournait chez son frère à Dell Rapids, dans le Dakota du Sud, « tentant de se remettre d’une maladie ». Cela n’a évidemment pas fonctionné pour lui, le pauvre.

Désolé si je parais irrespectueux, mais il faut comprendre : j’ai fait tellement de recherche sur tout ce monde que j’ai parfois l’impression de les connaître. Certes, parce qu’il y en a tellement, j’ai souvent du mal à me souvenir de leurs noms. Ce n’est pas « Thomas Robertson » qui m’était venu à l’esprit quand j’ai commencé cet article. C’était plutôt « l’homme de Shelburne du XIXe siècle, mort en fonction, qui ressemble à un gars qu’on verrait dans un Starbucks », et j’ai retrouvé son nom à partir de résultats d’élections en Nouvelle-Écosse des années 1890.

Je me souviens de certaines personnes plus que d’autres. Je pense à un autre Néo-Écossais, député de Yarmouth, Bowman Law, l’un des sept (et seul député) à mourir dans l’incendie qui a détruit une grande partie du Parlement canadien dans la nuit du 3 février 1916. Ou à Shaughnessy Cohen, décédée aux Communes le 9 décembre 1998, quelques secondes après qu’elle se soit adressée à la Chambre. Les drames ont une façon de se démarquer, mais ils montrent aussi que les règles de la vie quotidienne — de la gravité à la vie et la mort — ne sont pas différentes pour ceuxes qui occupent des fonctions publiques qu’elles ne le sont pour le reste d’entre nous. Nous les remarquons plus à cause des postes que lels occupent.

Vous allez peut-être tomber de votre chaise lorsque vous découvrirez combien de décès en fonction il y a eu, et la raison pour laquelle vous ne devineriez pas à quel point il y en a eu autant.



© 2005, 2025 :: PoliCan.ca (Maurice Y. Michaud)
Pub.: 12 jun 2022 18:37
Rev.: 14 oct 2025 17:20 (mais données présentées dynamiquement)